Darkel, moitié de Air, une pop electro planante et new age
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Dans les années 1980, il forme avec Nicolas Godin et d'autres musiciens (Alex Gopher et Xavier Jamaux) le groupe Orange, qui ne réalisera aucun enregistrement. Il étudie ensuite les mathématiques et enseignera la physique dans un collège parisien, avant d'entreprendre une carrière de musicien professionnel. Ainsi, depuis 1995, il est l'un des deux membres du groupe de musique électronique Air, l'autre étant Nicolas Godin.
SA CARRIERE SOLO : L'ALBUM "DARKEL"
Jean-Benoît Dunckel, moitié de Air, a décidé d'en prendre un peu, de l'air, paradoxalement, en se consacrant pour la première fois, avec Darkel, à un projet entièrement personnel.
Si l'album s'ouvre sur un morceau (Be My Friend) que l'on aurait franchement pu entendre chez Air, le reste des titres vadrouille vers des directions nettement plus exotiques. At the End of the Sky tire avec élégance sur la barbe du George Harrison baba ; TV Destroy s'invite chez un Polnareff rempli d'EPO ; Pearl, l'une des plus jolies réussites du disque, accomplit une synthèse parfaite entre ambient à la Eno et variété italienne soignée, alors que l'immanquable Earth monopolise le dance-floor avec son beau T-shirt Nature & Découvertes'.
Terriblement moderne et terriblement new-age en même temps, Darkel oscille ainsi à longueur de disque dans un passionnant océan d'incertitudes, dont l'auditeur doit se charger de repérer les rares points d'ancrage. Car derrière ses aspects plutôt simples et accessibles (les thèmes abordés sont assez universels : amis, ciel, homme, femme, soleil, terre ), la musique de Darkel se prête assez peu à l'opération portes ouvertes. Derrière ces chansons-slogans assez percutantes en vitrine se cache un univers assez peu poreux, celui de Dunckel. Un univers que l'intéressé à transcrit sur disque loin du monde, pendant plusieurs mois, entre les enregistrements de l'album de Charlotte Gainsbourg, et celui, à venir, de Air. Une fois son bleu de travail suspendu au crochet de son petit studio, Dunckel s'est ainsi laissé aller à de nouvelles expériences. Sans rien s'interdire au départ, il a laissé les idées aller et venir.
Nous voilà face à un objet aussi jubilatoire que troublant, dont on ne cesse d'utiliser les potentialités au quotidien : s'endormir les yeux grands ouverts sur Some Men ; essayer de comprendre comment il est possible de disparaître par le trou du bain à l'écoute de Bathroom Spirit ; ou inventer des comptines pour rendre les enfants courageux sur How Brave You Are. Ce disque ouvert, impressionniste, est ainsi une vaste boîte à outils que l'auditeur s'approprie et travaille au fur et à mesure des écoutes. Un album à double détente que Dunckel a conçu comme une épreuve personnelle , épreuve dont il est aujourd'hui plutôt fier.*
Dix ans après les débuts de Air, Dunckel s'est offert une petite cure de jouvence personnelle dont devraient pouvoir profiter tous ceux qui, depuis dix ans, ont investi avec leurs oreilles les vastes brèches ouvertes par les deux de Versailles : sauf qu'avec Darkel ces étendues se parcourent en zigzag, en n'hésitant pas à s'arrêter un peu sur la gauche, un peu sur la droite. Darkel, c'est un disque de saison, de belle saison, qui incite à la musardise comme à l'introspection.